« Ce que j'aime bien, c'est que l'on ne parle pas de moi »

Passionné depuis toujours, j'ai été joueur de foot avant d'être arbitre. J'ai joué depuis tout petit
jusqu'à l'âge de 16 ans. Je suis passé arbitre à l'âge de 16 ans. Pendant une année j'ai fait joueur et arbitre, mais ça devenait compliqué à gérer. J'ai décidé d'arrêter de jouer et de continuer l'arbitrage. Ca me permettait certainement, vu mon niveau de foot, d'aller un peu plus haut.

Mon père était arbitre. J'allais sur les terrains voir les matchs et voir mon père arbitrer. Au niveau
cadet, j'ai changé de catégorie. Ma taille ne m'aidait pas, c'est pour ça que j'ai postulé pour l'arbitrage.

Depuis l'âge de 16 ans, en 1986. J'ai évolué deux ans dans les catégories de jeunes parce que je
n'avais pas 18 ans. A partir de 18 ans on commence au plus bas niveau, en district, où j'ai fait deux années. Ensuite j'ai postulé pour la ligue.

J'ai fait cinq ans en ligue, et ensuite j'ai eu l'examen de la fédération. Pour être arbitre, on passe un examen écrit, on est une soixantaine. Après, ils enlèvent à peu près la moitié. On est vu à peu près trois fois sur le terrain, où ils enlèvent encore la moitié. Ensuite on est vu quatre, cinq fois dans la saison. La fédération fait un classement. En Ligue 1, sur chaque match on a un observateur qui vient nous voir, qui nous conseille mais nous donne aussi une note. Il nous fait rester ou descendre.

Oui, c'était le JV Auray contre le Véloce Vannetais dans les catégories de jeunes. Je m'en rappellerai toujours parce que c'est marquant.

Au niveau professionnel, ça fait 11 ans maintenant. Je m'en rappellerai toujours parce que c'était au mois d'août, à Troyes contre Le Mans, mais il y avait plein d'eau sur le terrain, donc ils étaient avec les raclettes en train d'enlever l'eau pour qu'on puisse jouer.

Oui, j'en ai fait beaucoup en arbitre remplaçant. J'ai pu aller visiter en même temps quelques pays, la Turquie, l'Espagne, c'était sympa. Malheureusement je suis sorti au mois d'août, tout récemment. C'était ma dernère sortie internationale à West Ham. C'était Freddy Fautrel qui arbitrait, mais il s'est blessé. Ca m'a permis de prendre le relais au bout de 50 minutes de jeu, dans le cadre de l'Europa League.

Il y en a plusieurs, il y a toujours des beaux matchs. Le plus beau, ça reste la finale de la Coupe de France, Paris contre Monaco, le 1er mai 2010. Paris a gagné après prolongations.

Meilleure prestation peut-être pas, toujours est-il que je suis sorti de là, on n'a pas parlé d'arbitrage, donc je pense que c'était une bonne prestation.

Il y a eu des Marseille-Paris, des Bastia-Ajaccio, c'est des matchs intéressants mais stressants.
Après, tous les matchs sont assez stressants. Quand je me prépare pour un match, dans la sieste l'après-midi, si je n'ai pas une petite boule au ventre, ce n'est pas normal.

On s'aperçoit parfois qu'il y a des joueurs ou des entraîneurs qui changent de comportement quand
ils sont sur un terrain. Ils se mettent dans leur bulle, je pense que nous c'est exactement pareil. Une fois qu'on est dedans, on donne le meilleur de nous-même, on doit prendre les décisions, peu
importe ce qui se passe autour.

Ce que j'aime bien justement, c'est que l'on ne parle pas de moi. Si on ne parle pas de moi c'est
qu'on a bien fait. Quand on vient taper à notre porte, la question qu'on se pose tout de suite c'est : « Qu'est-ce qu'on a fait comme erreur pour qu'ils viennent nous voir ? »

Oui, bien sûr, ça arrive. Ca fait mal. Si on a fait une erreur, on a fait une erreur. De toute façon
dans l'arbitrage, on peut être bon pendant 90 minutes, mais si à une seconde on fait une erreur, on ne va retenir que celle-là. D'un seul coup, même si on a été très bon voire excellent, on devient le plus nul.

En tant qu'arbitre, on est un peu armé. Le côté le plus compliqué, c'est le côté familial, c'est les enfants qui prennent et c'est plus difficile à gérer.

On arrive la veille des matchs, on fait un briefing. Avec nos assistants, on a accès à une banque de
données sur les matchs des équipes qu'on a à faire. Après match, on fait le débriefing. S'il s'est
passé quelque chose, on a des rapports, on doit les envoyer aux commissions de discipline. Il y a
beaucoup de travail avant et après les matchs. On a aussi tous les mois une réunion à
Clairefontaine, un stage d'hiver et d'été d'une semaine chacun. Ca prend beaucoup de temps.

C'est un entraînement de minimum 3 fois par semaine. On est obligé parce qu'on a les tests
physiques, autant en été qu'en hiver. On a aussi un objectif derrière, qui est le match du week-end.
On est obligé de rester en forme.

Bien sûr. Les tests sont de plus en plus compliqués, avec une obligation de réussite. Si on réussit, on continue à officier. Si on échoue, on a une séance de rattrapage un mois et demi après. L'échec nous empêche d'arbitrer et nous envoie directement dans la catégorie inférieure l'année suivante. De l'extérieur, on voit l'heure et demie de match, mais derrière il y a les soins, l'entraînement, il y a plein de choses.

Quelques temps oui. Quand l'arbitrage sur le terrain s'arrête, il y a d'autres possibilités à venir. La possibilité que j'ai, c'est de passer par l'observation, c'est-à-dire donner un coup de main aux plus jeunes, et faire passer les qualités que je pouvais avoir. C'est bien d'avoir des observateurs qui viennent juste de terminer, qui ont encore le feeling du football moderne.

Etre juste, aimer les règles et les faire appliquer., sortir d'une timidité... Il y a plein de petits points
dans l'arbitrage qui nous permettent d'avancer. Surtout, mon credo c'est de toujours donner le
meilleur de soi-même et de passer inaperçu.

Oui, je le vois par le boulot. Je travaille à Pole Emploi, et souvent quand ça bouge un peu, on peut m'appeler pour essayer de parler différemment, ou avec une autre écoute.

Je suis rentré à Pole Emploi en 1997. L'arbitrage demande beaucoup de disponibilités, quelques
fois il passe en priorité par rapport au boulot. Je ne travaille pas le vendredi, je les fais prendre par
des congés sans solde, ou des congés tout court. Ce n'est pas toujours évident. Après les matchs, le
sommeil n'est pas toujours évident à trouver. Le début de semaine est un peu plus compliqué, mais
on attend avec impatience la prochaine rencontre pour se remettre dedans.

L'arbitrage c'est bien tant qu'on y est, mais le jour où ça s'arrête il n'y a plus rien à côté, car en tant qu'arbitre, on est travailleur indépendant. C'est surtout pour avoir une activité, et ne pas avoir à la chercher une fois que l'activité arbitrale est terminée. Aujourd'hui ça devient très compliqué de pouvoir gérer les deux. Des personnes décident de continuer l'arbitrage et d'arrêter leur boulot, c'est des choix très personnels. Je préfère prendre un peu sur moi, sur la vie familiale, mais pouvoir continuer les deux.

Pour le 7ème tour de Coupe de France, je suis parti en Nouvelle-Calédonie pendant une semaine. J'avais fait la Guadeloupe il y a 10 ans, à peu près au moment où je suis monté en Ligue 1. C'est une belle récompense.

La plus grosse satisfaction c'est, je pense, d'avoir laissé une belle image, pas de l'arbitrage mais de
moi en tant qu'arbitre.

Non, pas du tout. Je pense que je suis arrivé en haut de la marche. C'est ma onzième année en
Ligue 1. Je pense avoir 160, 170 matchs de Ligue 1. La plupart se sont très bien passés. Je suis très
content de ce que j'ai fait. Je pense en même temps avoir pris la bonne décision au moment où il
fallait faire le choix entre rester footballeur ou passer arbitre.